Portrait de Stéphanie Le Maitre

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Stéphanie Le Maitre a passé sa thèse en 2009 à AMSE. À l'époque, elle était déjà passionnée par les questions environnementales. Après avoir gravi les échelons, elle est aujourd'hui Coordinatrice du pôle Transition énergétique à l'Agence française de la transition écologique (ADEME) en Provence-Alpes-Côte d'Azur.


Pouvez-vous raconter votre parcours professionnel depuis AMSE ?

J’ai passé ma thèse en 2009 sous la direction d’Antoine Soubeyran et Hubert Stahn. Le sujet portait sur la "Gestion des déchets ménagers : du consommateur à l’acteur-citoyen entre contrainte et persuasion". L’année qui précédait, j’avais fait une année de césure et travaillé auprès de la direction développement durable de la banque Dexia, dans le quartier de La Défense à Paris. Un an plus tard, je suis rentrée et j’ai fini ma thèse mais j’avais compris que je voulais sortir du monde de la recherche et travailler en entreprise.

J’avais posé mes CV sur des boîtes de recrutement, l’une d’elle m’a proposé un poste d’ingénieure sur la thématique des déchets, comme ma thèse. Le poste était à la Direction Régionale de Franche-Comté de l’ADEME. J’ai été embauchée à l’ADEME quinze jours avant ma soutenance de thèse. Mais c’est bien ma thèse et de surcroît sur cette thématique, qui m’a permis de travailler pour l’ADEME qui ne recrutait que des doctorants (PhD) ou des personnes sortant d’école d’ingénieurs.

L’ADEME, agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie, est une entité nationale mais se déploie au niveau régional, pour accompagner les acteurs locaux. À l’échelle nationale, l’agence travaille avec les ministères pour décliner les politiques prioritaires. Ce qui donne un cadre aux directions régionales. À l’échelle régionale, l’ADEME accompagne les collectivités, les entreprises, les associations dans leur montée en compétence, dans la sensibilisation, dans la prise en compte des enjeux de la transition énergétique et écologique et propose un accompagnement technique et financier.

J’ai travaillé jusqu’en 2014 à Besançon sur la thématique de l’économie circulaire et des déchets. L’objectif était de réduire la production des déchets, tant au niveau des particuliers qu’au niveau des entreprise et industriels, mieux trier, mieux valoriser et recycler. Mon action était vaste. Elle allait de la mise en place de programmes de sensibilisation visant le changement de comportements au financement de centres de tri, de pavillons de compostage, d’usines de recyclage ou de recycleries et ressourceries.

Puis j’ai rejoint la Direction Régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur comme ingénieure sur la thématique du bâtiment. J’accompagnais la mise en place et l’animation du réseau des « plateformes de la rénovation énergétique », l’ancêtre du service public France Rénov’. En parallèle, j’accompagnais la montée en compétences des professionnels du bâtiment (bureaux d’études, architectes, entreprises du BTP) dans la construction et rénovation durables, tout en prenant en compte les spécificités méditerranéennes. Par exemple pour le confort d’été, l’enjeu est de construire un logement sans avoir à installer un climatiseur, donc bien orienter la construction, bien isoler, végétaliser, etc.

En 2018, est apparu le sujet de l’hydrogène. L’hydrogène est très utilisé dans l’industrie. On s’en sert pour raffiner le pétrole, produire de l’engrais... Le problème c’est qu’il est produit à partir d’énergies fossiles (gaz et charbon) et les technologies pour le produire sont polluantes. L’un des enjeux pour décarboner l’industrie est donc de substituer cet hydrogène carboné par un hydrogène décarboné, c’est-à-dire utiliser une technologie moins polluante (électrolyseurs).

Une autre application pour l’hydrogène est dans la décarbonation de la mobilité lourde (poids lourds, autocars, trains). Mon rôle a été d’accompagner la construction « d’écosystèmes d’hydrogène » c’est-à-dire des consortiums de partenaires qui interviennent sur toute la chaîne : certains produisent de l’hydrogène bas carbone ou renouvelable, d’autres le distribuent, d’autres encore l’utilisent.

Sur quoi porte votre travail aujourd'hui ? Quelles sont vos responsabilités professionnelles ?

Depuis janvier 2023, je suis la coordinatrice du Pôle Transition Energétique à la Direction Régionale PACA. Je retrouve donc les thématiques du bâtiment, de l’hydrogène, de la décarbonation des industriels et découvre celle de la chaleur renouvelable. Je coordonne huit ingénieurs. Je m’occupe aussi des budgets, conséquents à l’ADEME (35 millions d’euros à la Direction Régionale PACA, entre 15 et 25 millions pour le Pôle Transition Energétique). Comme je souhaite garder un pied dans le concret et l’accompagnement de projets, je continue à instruire ceux qui produisent de la chaleur renouvelable à partir de la biomasse.

L’instruction de projet consiste à sensibiliser aux enjeux, présenter tous les dispositifs d’aide financière qu’on peut mettre en œuvre pour accompagner les porteurs de projets, mettre en relation aussi, car une collectivité n’a pas forcément la vision de telle ou telle entreprise ou de telle ou telle association du territoire. Nous mettons donc en relation pour que des partenariats se créent et nous les accompagnons dans la mise en place de leur projet. L’ADEME co-finance avec d’autres acteurs institutionnels comme les conseils départementaux, le conseil régional, mais aussi des banques, notamment la Banque Publique d’Investissement (BPI) ou la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts Groupe) qui partagent souvent nos thématiques d’action.

Ce que j’adore dans mon travail c’est la diversité. La diversité des sujets d’abord : l’ADEME couvre un champ vaste de thématiques portant sur la transition écologique. Et également la diversité des rôles : par moment, j’ai une position de « communicante » ou de « commerciale » pour sensibiliser et convaincre, d’« analyste » ou de « conseillère » pour monter un projet et rencontrer des partenaires potentiels, d’« administratif » au moment de l’élaboration d’une convention d’aide. Et depuis le début de l’année, j’ai une casquette de « manager » ce qui donne encore un tout nouvel angle de travail.

Que retenez-vous de votre passage à AMSE ?

Faire une thèse était extrêmement formateur. Antoine Soubeyran était l’un de mes professeurs en DEA, il avait envie de travailler sur un sujet d’environnement ce qui m’a tout de suite parlé. Le doctorat m’a appris à mener des recherches efficaces, ouvrir le champs des possibles, être patiente et persévérante, présenter des travaux. Pendant ma thèse j’ai donné des cours, j’ai appris à être pédagogue ce qui me sert toujours aujourd’hui. Et j’ai eu la chance d’avoir deux co-directeurs de thèse qui ont réussi à m’accompagner tout en prenant en compte mes envies.

 

 

→ Cet article est issu de la Newletter AMSE, décembre 2023.

 

© Photo by ADEME