Les témoignages oculaires fournissent généralement les premières pistes de résolution d’enquêtes criminelles, mais ils sont également à l’origine d’erreurs judiciaires. L’audition policière doit alors permettre de faciliter la récupération en mémoire épisodique des détails d’un évènement, en évitant le recours à la récupération des traces sémantiques susceptibles d’induire des faux souvenirs. Or, la suggestibilité des témoins ne saurait être conçue comme un phénomène purement mnésique, mais relevant de facteurs sociaux et motivationnels. De nombreux travaux en psychologie judiciaire ont alors porté sur les techniques à mettre en œuvre afin de placer le témoin dans des conditions optimales pour effectuer un récit de la scène critique. Outre la prise en compte des processus mnésiques et sociaux à l’œuvre dans le rappel d’une scène critique, il s’agit également de considérer les objectifs professionnels d’une audition policière afin de développer des outils acceptables du point de vue des pratiques de terrain. Nous traiterons des origines de la psychologie judiciaire expérimentale et de l’élaboration des méthodes de recueil du témoignage, pour mettre en exergue la question de la circonscription et la réduction de l’effet des croyances sur les performances mnésiques.