Economie de la santé et Délivrance de médicaments à l'unité

grand public

Economie de la santé et Délivrance de médicaments à l'unité

Une conférence de Bruno Ventelou, directeur de recherche au CNRS et Carole Treibich, maître de conférences, Université Grenoble Alpes
Lieu

Bibliothèque de l'Alcazar

Bibliothèque de l'Alcazar

58 cours Belsunce
13001 Marseille

Date(s)
Mardi 2 octobre 2018| 14:00 - 16:00
Contact(s)

Yves Doazan : yves.doazan[at]univ-amu.fr

Résumé

L’intervention commencera par définir ce que peut être l'économie de la santé à travers quelques illustrations concrètes : économie des professions de santé, économie du médicament, analyse économique des inégalités sociales de santé ; on s’intéressera aussi aux différentes méthodes utilisées en économie de la santé.

La seconde partie de la conférence illustrera cette définition par un exemple concret, celui d’une étude scientifique portant sur la dispensation à l’unité des antibiotiques.

Une expérimentation a été mise en place dans quatre régions françaises et pour 100 pharmacies volontaires au long de l’année 2015. 75 pharmacies tirées-au-sort ont proposé une délivrance à l’unité des traitements antibiotiques aux patients concernés. La comparaison des patients et personnels des pharmacies expérimentatrices (qui proposent la délivrance à l’unité) avec ceux des patients et personnels des pharmacies témoins (qui proposent une délivrance traditionnelle) permet d’identifier les effets de la réforme sur plusieurs variables d’intérêt pour la santé publique et l’environnement (écologie bactérienne). Le mode de délivrance à l’unité permet notamment d’éviter le problème des comprimés non-correctement recyclés (c’est le cas pour 13% des prescriptions antibiotiques observées dans l’étude). Enfin, la délivrance à l’unité des antibiotiques est associée à une amélioration du suivi de la prescription par le patient, d’après une mesure ‘d’observance’.

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1. Descriptif Tout au long de l’année 2015, 75 pharmacies tirées-au-sort ont proposé une délivrance à l’unité de leur traitement aux patients se présentant avec une ordonnance d’antibiotiques. La comparaison des patients et personnels de ces 75 pharmacies expérimentatrices (qui proposent la délivrance à l’unité) avec ceux des patients et personnels des 25 pharmacies témoins (qui proposent une délivrance traditionnelle) permet d’évaluer quelques-uns des effets à attendre de la mesure. 2. Les questions posées4 enjeux de politiques publiques étaient mis en avant :

  • Les montants financiers qui pouvaient être économisés. A quelle hauteur ?
  • L’acceptabilité de la réforme par les patients
  • Les effets à attendre quant au « bon usage » des traitements par les patients
  • ​Les conséquences pour l’organisation des pharmacies

3. Les principaux résultats

  • l'impact sur les volumes de médicaments dispensés : un déconditionnement a été nécessaire pour 60% des patients exposés à la délivrance à l’unité. Le mode de délivrance à l’unité permet une réduction d’environ 10% du volume de comprimés délivrés par rapport à une vente traditionnelle.
  • l'acceptabilité de la délivrance à l’unité des antibiotiques (DAU) : 80% des patients s’étant présentés avec une ordonnance de traitement antibiotique concerné par l’expérimentation ont accepté la délivrance à l’unité.
  • Le bon usage des traitements : Le mode de délivrance à l’unité permet d’éviter le problème des comprimés non-correctement recyclés (c’est le cas pour 13% des prescriptions antibiotiques observées dans l’étude). Enfin, la délivrance à l’unité des antibiotiques est associée à une amélioration du suivi de la prescription par le patient, d’après une mesure ‘d’observance’ basée sur le nombre résiduel de pilules non consommées à l’issue du traitement.
  • Les conséquences sur l’organisation des pharmacies sont difficilement évaluables dans une « situation expérimentale », dans laquelle les agents (professionnels) n’ont pas procédé à toutes les adaptations qu’impliquerait une réforme complète et durable.

 4. L’apport de la recherche à la littératureUn des points nouveaux pour la connaissance scientifique en matière de santé publique était d’étudier en quoi un conditionnement nouveau des médicaments (ici leur ‘déconditionnement’ en lots ajustés précisément à la prescription) pouvait impacter « l’observance », c’est-à-dire la façon dont les patients respectent les consignes de traitement. Il a été montré que l’observance s’améliorait lorsque les médicaments étaient délivrés à l’unité par les pharmaciens.    5. Bibliographie sommaireArticle « Observance thérapeutique » de wikipédiaTreibich, C., Lescher, S., Sagaon-Teyssier, L., and Ventelou, B. (2017). The expected and unexpected benefits of dispensing the exact number of pills, PLoS-ONE, 12(9) : e0184420. 

Les intervenants

Bruno Ventelou est économiste, chercheur au CNRS et à Aix-Marseille Université. Ses recherches portent sur les questions de santé publique. Carole Treibich est aujourd'hui maître de conférences à l'Université Grenoble Alpes après avoir été post-doctorante à Aix-Marseille School of Economics (AMSE) de 2015 à 2017.