Luc Foisneau

Séminaires généraux
amse seminar

Luc Foisneau

EHESS, CESPRA
La vie inquiète : Hobbes et les fondements de l’anthropologie moderne
Lieu

VC Cinéma le Miroir

Centre de la Vieille-Charité - Cinéma le Miroir

Centre de la Vieille Charité
2 rue de la Charité
13002 Marseille

Date(s)
Lundi 6 juin 2016| 14:30 - 16:00
Contact(s)

Michel Lubrano : michel.lubrano[at]univ-amu.fr
Antonin Macé : antonin.mace[at]gmail.com

Résumé

Le point de départ de l’anthropologie politique de Hobbes réside dans l’idée que la cité n’étant pas une ruche il est erroné de vouloir fonder le lien politique sur une inclination naturelle : les hommes n’ont pas d’instinct politique qui les porterait à former des groupes ; ils ont des passions qui tendent à les distinguer et, souvent, à les séparer les uns des autres. C’est la raison pour laquelle, contrairement à Aristote et à la longue tradition de l’aristotélisme politique, Hobbes refuse de considérer l’homme comme un animal politique, considérant, avec Épicure, que la nature de l’animal humain le porte à préférer son bien propre à celui de son groupe. Dans une telle anthropologie, le fait que nous vivions malgré tout dans des sociétés constitue, non pas une évidence, mais le problème politique par excellence. Comment se fait-il que les êtres humains forment des corps politiques, alors qu’il n’existe pas d’inclination qui les y pousse mais seulement des passions individuelles qui les en dissuadent ? Si nous finissons par rejoindre des collectifs, c’est que notre raison nous persuade que l’association est le meilleur moyen de satisfaire nos passions, celles-là mêmes qui font de nous des êtres naturellement asociables. Loin de simplifier le problème de l’association, cette hypothèse le complique singulièrement, puisqu’il nous faut désormais justifier les collectifs où nous vivons à partir de l’idée que nous n’aimons pas vivre en société. Ce paradoxe nous servira de fil conducteur pour tenter de comprendre l’importance de l’anthropologie de Hobbes pour la philosophie moderne et au-delà.