Salim Abdelmadjid
IBD Salle 15
AMU - AMSE
5-9 boulevard Maurice Bourdet
13001 Marseille
Feriel Kandil : feriel.kandil[at]univ-amu.fr
Miriam Teschl : miriam.teschl[at]ehess.fr
Dans cette séance, nous étudierons la place de l’Afrique dans l’œuvre de Marx. Nous considérerons en particulier les analyses du système colonial et de la traite négrière dans Le Capital, ainsi que les textes écrits avec Engels sur la colonisation de l’Algérie, de la Chine et de l’Inde. Nous montrerons la contradiction entre, d’une part, l’intégration par Marx du système colonial dans la phase d’accumulation primitive du capital et, d’autre part, la réduction géographique, à l’Europe occidentale, du procès de production du capital et de la prospection révolutionnaire. Pour surmonter cette contradiction, nous critiquerons le recours de Marx à l’anthropologie évolutionniste, en particulier à Morgan, et la fonction de clef de voûte qu’il lui donne dans sa philosophie de l’histoire, l’évolutionnisme anthropologique venant garantir son évolutionnisme économique. Le pendant affirmatif de cette critique est le rééquilibrage des situations occidentale, africaine et plus largement non-occidentales dans l’analyse de l’extension mondiale du capitalisme. Ses enjeux sont nombreux puisque d’un tel rééquilibrage dépendent autant l’actualisation de la pensée marxienne requise par les crises capitalistes contemporaines, le bilan historien et politique des socialismes africains et la détermination des conditions de possibilité d’un socialisme mondial. Sur le plan épistémologique, une telle étude se veut une contribution au développement de la philosophie économique : de son histoire, en se rapportant, en Marx, à l’exemple le plus ambitieux de rencontre de la philosophie et de l’économie ; de son ancrage empirique, en l’occurrence dans les histoires, géographies et économies des aires africaines ; de son décentrement, tant cette étude requiert celle de la réception théorique et pratique de Marx en Afrique ; de sa pratique à l’Ehess, où elle peut bénéficier de l’agencement interdisciplinaire qu’elle requiert, en l’occurrence de l’anthropologie, de l’économie, de la géographie, de l’histoire et de la philosophie.