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La plupart des informations présentées ci-dessous ont été récupérées via RePEc avec l'aimable autorisation de Christian Zimmermann
Les communs. Des jardins partagés à wikipédiaBookJean-Benoît Zimmermann, 1000 Raisons, 2020-11, 220 pages, Libre & Solidaire, 2020

Les communs, dont les racines historiques sont lointaines, ont toujours prouvé, au fil du temps, leur efficacité comme mode d'action collective et solidaire et sont aujourd'hui une réalité incontournable de ce début du XXIe siècle. Ils manifestent la volonté d'un nombre croissant de citoyens de reprendre la main sur leur destin, à l'heure où les grands centres de décision s'éloignent de leur vie quotidienne dans les contingences de la mondialisation économique et financière.
Un commun, c'est un mode d'action collective autour d'une ressource partagée, pour la gérer efficacement au bénéfice de chacun et la préserver contre la dégradation ou une appropriation abusive. On trouve des communs dans une très grande variété de domaines : ressources naturelles et foncières, cognitives, sociales, urbaines... Des jardins partagés à Wikipedia, des AMAP aux monnaies locales, les initiatives collaboratives se multiplient. Les communs ne sont pas, comme certains de leurs détracteurs les qualifient, une naïve utopie débouchant sur une indescriptible pagaille dans laquelle chacun n'agirait qu'en fonction de son intérêt propre. Un commun, c'est aussi une gouvernance s'appuyant sur une structure et un système de règles, produites collectivement et acceptées par tous avec, pour chacun, des rôles différenciés en termes de droits et de responsabilités.
Cet ouvrage a été rédigé avant la pandémie de la Covid-19. Or, par-delà le repli sur soi et la peur de l'autre, la crise sanitaire a aussi donné lieu à de magnifiques initiatives de solidarité et d'action collective. Elle a rappelé à quel point la problématique des communs, qui ouvre une troisième voie, hors de la dualité État/marché, est plus que jamais d'actualité. Ce livre propose une analyse des fondements du phénomène et de la variété de ses manifestations. Il interroge sur la question de savoir dans quelle mesure les communs peuvent constituer un moteur de transformation profonde de nos sociétés.

Repenser le management : pour une régulation collégiale des communautés de travailBookFrançois Silva et Arnaud Lacan, Management & prospective, 2020-09, 144 pages, EMS Management & Société, 2020

Le monde du travail comme toute la société est en train de vivre des mutations majeures correspondant à un changement de paradigme que nous qualifions de postmoderne. Ce livre analyse la façon dont les relations professionnelles se transforment. Les grilles de lecture actuelles tout comme les modes opératoires ne permettent pas d’appréhender les nouveaux questionnements. Les auteurs proposent une nouvelle grammaire tout autant conceptuelle que pratique pour faire émerger un management différent fondé sur la régulation collégiale.

La diffusion de la Covid-19. Que peuvent les modèles ?BookJuliette Rouchier et Victorien Barbet, 2020-09, 150 pages, Editions Matériologiques, 2020

Face à l’irruption de la Covid-19, ont surgi des demandes urgentes de prédire, d’expliquer et de faire comprendre sa diffusion aussi bien géographique que sociale, notamment lorsqu’il s’agissait de soutenir telle ou telle décision politique ou de santé publique (distanciations, confinement, etc.). Plusieurs modèles computationnels – en particulier à agents – ont été bien vite mis en avant. Mais dans quelle mesure sont-ils réellement à même de remplir de telles fonctions, en particulier dans un contexte aussi contraint et variable ? Ce livre propose un ensemble d’analyses précieuses et salutaires pour qui voudra former son jugement à ce sujet. Il s’appuie sur des exemples et des analyses de plusieurs modèles de diffusion de la Covid-19, dont certains ont été utilisés par les pouvoirs publics. Il propose aussi des modèles alternatifs, dont certains inédits. Il s’adresse à un large lectorat. Les analyses techniques y sont effectuées avec beaucoup de pédagogie, sans sacrifier à la précision. Elles peuvent donc intéresser les concepteurs et utilisateurs de modèles, les étudiants, les élus, les associations concernées et tout citoyen soucieux de comprendre ces outils omniprésents. Au-delà du cas de la Covid-19, on y trouve une mise en perspective et une discussion plus générale concernant l’usage des modèles formels en sciences sociales, en particulier dans le cadre de l’aide à la décision publique. Analysant le contexte de la crise que l’on traverse, les auteurs évitent de donner un point de vue personnel, mais au contraire tentent d’aider chacun à avancer dans sa propre réflexion, en mettant en avant les questionnements qui peuvent s’adosser aux modèles présentés.

L’ouvrage comprend deux parties : l’une qui propose une analyse critique de modèles existants, l’autre prenant la forme de trois propositions de modèles qui permettent de percevoir la richesse et la multiplicité des modèles agents de diffusion de maladie – à la fois dans leur conception et leur manipulation. Un glossaire et un intermède sur les « apports des modèles agents en général et pour la Covid-19 en particulier » replacent ces réflexions dans le cadre plus large de la simulation agents appliquée aux sciences sociales.

Revue de philosophie économique / Review of Economic PhilosophyBookVaria, Gilles Campagnolo et Emmanuel Picavet (Eds.), 2020-04, Volume 20(2), 258 pages, Vrin, 2020
Principes d’économie politique. Première édition critique incluant les annotations inédites de l'auteur établie et présentée par Gilles CampagnoloBookCarl Menger, Sciences humaines Economie, Gilles Campagnolo (Eds.), 2020-02, 816 pages, Seuil, 2020

Lorsqu'en 1871 Carl Menger (1840-1921) publie ses Principes d'économie politique – en quête d'une voie alternative au libre-échangisme britannique et au socialisme historique allemand –, il offre l'un des grands livres pivots dans l'histoire de la pensée, à la hauteur de La Richesse des nations (Smith), de la Théorie générale (Keynes) ou du Capital (Marx). En effet, aux côtés de Walras et de Jevons (mais bien différemment d'eux), il inaugure une économie théorique pure et engage la " révolution marginaliste " qui constitue le moment fondateur du courant dominant (et contesté) de la science économique contemporaine.
Menger pose en même temps la pierre fondatrice de l'" école autrichienne " (Böhm-Bawerk, Schumpeter, Mises, Hayek) dont la méthodologie et la philosophie individualistes imprègnent et font débat dans l'ensemble des sciences humaines et sociales.
Or cette œuvre majeure n'était accessible ni en français ni avec les fort nombreux ajouts manuscrits que Menger apporta, jusqu'en 1910, en vue d'une nouvelle édition amplement augmentée. Vingt années durant, Gilles Campagnolo a collecté et traduit ces manuscrits dispersés à l'étranger après la mort de Menger. Son édition critique, unique au monde, est la première à restituer cette œuvre classique au plus près du nouveau texte voulu par son auteur.
Le texte de Menger est précédé d'un historique des éditions et suivi d'un appareil critique complet. Dans la présentation éclairante qui ouvre ce volume, G. Campagnolo donne les clés pour comprendre l'œuvre de Menger et la resituer dans son contexte historique et intellectuel.

Austriaca « L’école autrichienne d’économie »BookGilles Campagnolo (Eds.), 2020, Volume 90, 250 pages, Presses Universitaires de Rouen et du Havre (PURH), 2020

L'école "autrichienne" d'économie, objet de ce numéro de la revue Austriaca, constitue plus qu'une école d'économie politique nationale. Courant de pensée majeur dans les sciences sociales et en économie politique en particulier, comme dans les politiques économiques au long du siècle et demi écoulé depuis sa fondation, cette école est un cas d'étude exceptionnel pour l'épistémologie sociale, perspective dans laquelle situer globalement l'approche des contributions internationales éminentes ici rassemblées.

Comment lutter contre la fraude fiscale ? Les enseignements de l’économie comportementaleBookNicolas Jacquemet, Stéphane Luchini et Antoine Malézieux, CEPREMAP, 2020, Number 53, 104 pages, Rue d'Ulm, 2020

La fraude fiscale est un sujet qui se dérobe aux outils de l’analyse économique traditionnelle. D’une part, comme toute activité illégale, la fraude fiscale échappe à l’observation du chercheur en même temps qu’elle se dissimule aux autorités : l’analyse empirique de son ampleur, de ses déterminants et de la manière dont différents dispositifs l’affectent est nécessairement très limitée. D’autre part, sur le plan théorique, l’application simple du calcul coût-bénéfice auquel est supposé se livrer le contribuable « rationnel » conduit à un paradoxe : contrairement à une idée largement répandue, les bénéfices de la fraude fiscale sont tellement élevés, et le risque de sanction est tellement faible, que l’on peut s’étonner qu’elle soit aussi peu pratiquée dans l’ensemble des économies développées. Plutôt que la fraude fiscale, c’est donc la «soumission fiscale» qui en constitue le pendant, la disposition à payer l’impôt, qu’il convient d’expliquer pour en comprendre les déterminants.

Le double défi que posent les décisions de fraude fiscale à l’analyse économique n’a pu être relevé que très récemment, grâce à l’émergence, au cours des vingt dernières années, d’une nouvelle approche, l’économie comportementale, qui s’appuie sur la psychologie pour mieux comprendre les comportements économiques ; et, conjointement, d’une nouvelle méthode, l’économie expérimentale, qui permet d’étudier empiriquement les comportements économiques sur lesquels il est difficile de collecter des données convaincantes.

Cet opuscule rend compte des résultats de ces travaux et présente un panorama des outils de politique fiscale qui s’en dégagent.